• Fête des ânes

     

    Historique

    Des plaques, portant les inscriptions « gué aux ânes », « la mort aux ânes » ou « cimetière des ânes », encore accrochés aux façades des maisons bordant le canal du Berry, témoignent, tout comme Asnières, -nom fréquent de lieux-dits en Berry-, de l’importance des ânes dans la région depuis plusieurs siècles.

    A partir de 1870, de nombreux paysans berrichons, hier simples journaliers, accèdent à la propriété. En « Boischaut » particulièrement, pays bocager aux nombreuses petites exploitations, l’âne devient l’animal de trait par excellence. Pour le travail des champs et des vignes, le choix s’est orienté au cours des décennies vers une sélection d’animaux grands et forts, restant vifs, courageux et dociles.

    De plus, vers le milieu du XIXème siècle, les ânes, -qui n’étaient pas toujours grands et noirs-, ont remplacé les hommes pour la traction des péniches sur le canal du Berry ou en remontant vers Paris, sur le canal de Briare et ses dérivés.

    Au début du XXème siècle, nous voyons, au travers de nombreuses cartes postales anciennes, apparaître ces ânes grands et noirs, dans les travaux agricoles, l’attelage de carrioles, le halage des péniches. La population est encore si importante au milieu du siècle, que dans le film de Jacques TATI « Jour de fête » tourné en 1947 à Sainte Sévère sur Indre, les ânes Grand Noir du Berry sont présents dans de nombreuses scènes.

    A noter que vers 1900, Lignières était devenu le centre du maquignonnage de l’âne en Berry.

    L’âne Grand Noir du Berry serait ainsi issu d’une tradition paysanne, sélectionné essentiellement pour les besoins d’une agriculture locale.

    Reconnaissance

    Tout a commencé du côté de Lignières, situé au sud du Berry, aux confins du Boischaut Sud et de la Marche, dans le département du Cher, non loin de l’Indre, de l’Allier et de la Creuse ; cette zone géographique est considérée comme le berceau historique de la race.

    Vers la fin des années 80, Les Thiaulins de Lignières, groupe d’art et traditions paysannes du Berry, tente un recensement des derniers sujets et crée la foire aux ânes et aux mules.

    En 1991, un groupe d’éleveurs et de passionnés rédige le standard de l’Âne Noir du Berry sur la base de documents iconographiques, de collectages de tradition orale et de « spécimens » conservés chez certains éleveurs. En 1992, les Haras Nationaux reçoivent une petite délégation ligniéroise venue présenter son dossier afin que la race soit reconnue. Il leur est suggéré de constituer une structure adaptée à la gestion d’une race. Quelques mois plus tard, en mars 1993, naît l’A.F.A.G.N.B. (Association Française de l’Ane Grand Noir du Berry), dont le rôle sera d’assurer la sauvegarde de la race, et de promouvoir l’utilisation de l’Ane Grand Noir du Berry. Elle aura également pour vocation de développer et de contrôler son élevage en assurant la gestion du Stud-book élaboré conjointement avec les Haras Nationaux.

    Standard

    Le mâle mesure de 1,35m à 1,45m au garrot à 4 ans et la femelle, au même âge, de 1,30m à 1,40m. La robe est unie, de noir à bai brun foncé, sans bande cruciale, ni raie de mulet, sans zébrure aux membres. La queue est identique à la robe. Le ventre est gris blanc, incluant l’ars, l’aine et l’intérieur des cuisses.

    Chez l’adulte en pelage d’été, le poil est court, voire ras. La tête est rectiligne, les oreilles d’une bonne dimension (la moitié de la longueur faciale), bien ouverte et sans échancrure, le bout du nez gris blanc pouvant s’étendre jusqu’à mi-chanfrein, parfois cerné de roux. L’encolure est forte, le poitrail ouvert, le dos droit, l’arrière-main ronde. Les membres solides ont des aplombs affirmés. La silhouette forme un ensemble lié.

    Utilisation

    Si traditionnellement l’Ane Grand Noir du Berry était l’animal de trait des paysans, et servait aux labours, au travail de la vigne, aujourd’hui, les services qu’il peut rendre sont nombreux : accompagnement de randonneurs (l’âne portant les bagages), attelage pour les promenades dans les centres hippiques ou les asineries. Sa docilité et son calme font qu’il est aussi utilisé en équithérapie. Certains agriculteurs, férus de traction animale, le choisissent pour sa force, sa sobriété et sa rusticité. Quelques passionnés d’attelage plus sportifs l’utilisent pour des compétitions. Notons qu’en 2003 et 2004, l’âne Grand Noir du Berry fut sacré champion de France en attelage en paire.

    Sauvegarde

    En 2005, le stud-book compte près de 1000 ânes dont 32 baudets agréés à la monte. Néanmoins, malgré l’existence de trois familles, facilement identifiables, la commission du stud-book apporte une attention toute particulière aux croisements, afin d’éviter une dérive vers des problèmes de consanguinité.

    L’A.F.A.G.N.B. propose aux éleveurs de suivre scrupuleusement certaines règles afin de sauvegarder et de développer la race Ane Grand Noir du Berry.

    De plus, grâce à un programme de sélection et de testage, l’A.F.A.G.N.B. propose aux naisseurs de jeunes mâles un suivi d’élevage avec un accompagnement financier permettant ainsi de conserver les meilleurs jusqu’à l’âge de 3 ans. Ces animaux, élevés et éduqués par leur propriétaire, sont accueillis sur le Pôle du Cheval et de l’Ane pour y subir des tests cliniques (tests de fertilité, de sang avec un typage ADN…) Cette sélection permettra d’obtenir de meilleurs animaux, calmes et sportifs, répondant mieux aux besoins du marché actuel.

    L’association regroupe des éleveurs et de nombreux sympathisants de la France entière, avec une forte implantation en région Bretagne et il est important de noter que l’Ane Grand Noir du Berry s’exporte de plus en plus vers la Belgique, l’Allemagne, la Hollande et même l’Irlande….

    Promotion

    Depuis le printemps 2000, l’association, grâce au soutien du Conseil Général du Cher, bénéficie d’une structure de promotion, le Pôle du Cheval et de l’Ane reconnu par l’ensemble de la filière équine comme étant un site d’exception.

    L’association y organise, chaque année, à la mi-septembre, le concours national de la race, regroupant le fleuron de l’élevage français.

    Implanté en plein cœur du Boischaut, le Pôle du Cheval et de l’Ane, ouvert toute l’année, propose au public de découvrir ces animaux dans un cadre verdoyant.

    Pour tous renseignements :

    L’Association Française de l’Ane Grand Noir du Berry
    BP 10
    18160 LIGNIERES
    Tel./fax : 02.48.60.09.11


    Email : anenoirduberry@libertysurf.fr


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  • Présentation

    LA SAUVEGARDE DU BAUDET DU POITOU


    L'âne du Poitou (ânesse et baudet) est le plus ancien des ânes. Il ne peut être confondu avec l'âne commun... "I1 constitue une aristocratie dans l'espèce, une caste privilégie fort peu nombreuse faisant l'objet d'un élevage particulièrement surveillé et d'un commerce fructueux" (Léon SAUSSEAU, 1925).
    Il est sans doute l'élément principal de la qualité de la production mulassière poitevine et améliore de même la production des juments des autres races. De ce fait, le Baudet du Poitou est depuis sélectionné pour la production de mules.
    La "grande espèce" Asine du Poitou est en effet une réalisation millénaire de l'agriculture et de l'élevage du sud de cette province : union d'une très grande masse avec une grande finesse de tissus, comme le prouve la ténuité du long poil soyeux de sa robe, ce à quoi on a toujours attaché un grand intérêt (baudets bourailloux ou guenilloux).
    Pour des raisons différentes les deux espèces du genre Equus, les chevaux et les ânes, ont été utilisées par l'homme. L'âne a été domestiqué avant le cheval. L'âne servait aux paysans et aux marchands. Le cheval, d'abord chassé pour sa viande, devint la monture des guerriers avant d'être sélectionné en races aptes à tous les usages.


    L'idée est venue de croiser ces deux espèces pour obtenir des animaux hybrides qui combineraient les qualités bien différentes de l'âne et du cheval. Ce croisement entre les deux races est possible de deux façons :
    • soit entre le cheval (étalon) et une ânesse, ce qui donne le bardot;
    • soit entre un âne (baudet) et une jument pour obtenir une mule ou un mulet.
    C'est le croisement baudet + jument qui a été préféré de tous temps. L'hybride obtenu de sexe mâle est le mulet, celui de sexe femelle, la mule. Sauf cas exceptionnels, mules et mulets sont stériles et ne peuvent donc pas se reproduire.
    Les difficultés rencontrés par les éleveurs pour obtenir par ce croisement peu naturel des mules et des mulets les ont conduits à sélectionner les ânes et les juments les plus aptes à cette production.
    "Toute jument n'est pas mulassière, c'est une race particulière au Poitou, spécialement propre à cette production... pour qu'une jument produise des mules; il lui faut des dispositions occultes et inconnues..." d'Availles, 1864) La jument mulassière est issue du croisement des chevaux poitevins (aujourd'hui disparus) et des chevaux Brabancons venus de Hollande et de Belgique pour assainir le Marais Poitevin. C'est ainsi que les mules engendrées par l'accouplement du Baudet du Poitou et d'une jument qualifiée de "mulassière" furent pendant très longtemps les plus appréciées de France et sans doute d'Europe et du monde entier. Eugène AYRAULT, vétérinaire à Niort, estimait en 1867 à plus de 18 000 le nombre de mules et de mulets mis en vente chaque année dans le Poitou.
    Un siècle plus tard, l'évolution des techniques et les transformations du monde agricole rangeaient la production mulassière dans les pratiques dépassées. Le Baudet du Poitou restait à l'esprit comme l'image même de l'ancien temps. Ses mérites furent oubliés. La race elle-même manqua de disparaître à jamais, faute d'effectifs.


    Pourtant des efforts sont faits pour préserver et améliorer la production mulassière. En 1884 est mis en place le stud-book (livre généalogique) répertoriant les animaux selon des caractéristiques spécifiques : le baudet du Poitou doit avoir une grosse tête, les oreilles longues garnies de poils longs. Sa robe est bai brun avec de longs poils frisés et soyeux. Il doit avoir des membres puissants, les pieds larges et ouverts, recouverts de poils, une taille de 1,40 à 1,50 m au garrot pour les mâles, et 1,35 à 1,45 m pour les femelles.
    Aux centaines d'ânes du Poitou du siècle dernier, ne succédaient plus en 1975, qu'une poignée d'animaux maintenus par la vigilance de quelques éleveurs encouragés par l' Administration des Haras Nationaux qui les aident encore aujourd'hui à organiser des concours mulassiers.
    Aussi, était-il urgent d'entreprendre une opération de sauvegarde de la race Asine du Poitou.
    • en 1977, une enquête réalisée par Annick AUDIOT, élève-ingénieur, indiquait clairement la disparition probable de la race des baudets du Poitou avant la fin de ce siècle par manque de reproduction du cheptel existant et surtout par indifférence générale.
    • en 1978, il reste environ 60 baudets du Poitou en France. Le constat de la disparition de nombreuses races domestiques et la perte de la diversité‚ biologique est générale, d'où la nécessité‚ d'une conservation du patrimoine génétique.
    • en 1979, eut lieu une réunion décisive au siège des Haras Nationaux à Paris regroupant tous ceux que la disparition annoncée du Baudet du Poitou ne laissait pas indifférents. Des décisions importantes concernant l'opération de sauvegarde furent prises :
    - effectuer un recensement de tous les spécimens d'ânes du Poitou.
    - créer un livre A (Stud-book) pour recenser les sujets de race pure et un livre B pour connaître les sujets croisés (ceux ayant un parent de la race asine du Poitou et l'autre de la race commune car le caractère Poitevin domine et peut porter à confusion)
    - prévoir la création d'une asinerie expérimentale aux fins d'amélioration génétique, de perfectionnement des techniques d'élevage, de recueil des traditions et d'information du public.
    • en 1980, création de l' Asinerie nationale expérimentale du Baudet du Poitou à la Tillauderie sur la commune de DAMPIERRE/BOUTONNE (17) par les Haras Nationaux et le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, les Conseils Généraux de Charente Maritime et des Deux-sèvres pour lutter contre la consanguinité.
    • en 1988, création de l' Association pour la Sauvegarde du Baudet du Poitou (la SABAUD) à l'initiative du docteur vétérinaire Jacques Fouchier, ancien ministre et ancien parlementaire des Deux-Sèvres.


    Yann MORCEAU
    Asinerie de la Baie


    Visitez le site !!!

    http://www.baudet-du-poitou.fr/


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